23 févr. 2017

Goguettes en trio : une vivifiante impertinence

D.R.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, ils décodent leur nom de scène en expliquant qu'une goguette est une parodie, sur une chanson connue, pour parler de l'actualité.
Et, histoire que tout soit bien limpide pour le public, il s'agit d'un trio à quatre ! Car Clémence Monnier qui accompagne Stan, Aurélien Merle et Valentin Vander, est loin de compter pour des prunes ! Pianiste de formation classique, elle donne une touche glamour à ce spectacle (mis en scène par Yéshé Henneguelle) qui s'inscrit dans la tradition des chansonniers.
 A l'instar de la plupart de leurs aînés, ces mousquetaires pourfendent avec la même inspiration, à droite, à gauche, sans négliger les extrêmes. Et ils font mouche à tous les coups en provoquant des rires salvateurs.
Des déboires de Pénélope Fillon évoqués sur la mélodie de "Femme Libérée" (de Cookie Dingler) à "Syracuse" transformé en "Chirac s'use", en passant par l'imitation de Jean-Luc Mélenchon, accompagnée par la musique de "Comme d'habitude" ou encore "Sur la plage ensoleillée" devenue "Sur la place islamisée"... ils puisent à l'envi dans l'actualité sociale et politique. Et la manne est inépuisable. Tout comme l'énergie qu'ils déploient sur scène.
Irrévérencieux mais jamais méchants, engagés mais dégagés de toute étiquette, allant même jusqu'à s'auto-flageller avec une désopilante chanson sur les bobos, ces joyeux complices affichent sans équivoque leur programme: l'humour libre.

Jusqu'au 13 juin 2017, les mardis à 19h45, au Théâtre Trévise, 14, rue de Trévise, 75009 Paris. www.theatre-trevise.com. Réservations SRC Spectacles au 01.48.65.97.90. www.srcspectacles.com 


19 févr. 2017

Rag'n'Bone Man: "Human"

Gardons-nous des raccourcis ! En découvrant sa photo sur la pochette de l'album "Human", on l'imagine volontiers chevauchant une Harley, sur la route 66, en écoutant Black Sabbath ou Iron Maiden.
Alors que Rory Graham (son vrai nom) a vu le jour à Uckfield (en Angleterre), bercé par les disques de reggae, de jazz et de blues qui tournaient sur la platine de ses parents. Il n'y a pas si longtemps, il travaillait encore comme aide-soignant auprès de patients atteints d'autisme. Voilà pour les idées toutes faites...
Il suffit d'écouter le premier morceau qui donne son titre à l'opus pour être immédiatement happé par son timbre rauque et puissant, ses accents soul et blues, mâtinés de gospel et de hip hop. Et ces mots qui reviennent comme une profession de foi: "Cos I'm only human after all, don't put the blame on me...". 
Humain, Rag'n'Bone Man l'est assurément et on ne le blâmera pas d'être aussi très généreux. Ce premier album (après 3 EP) compte en effet pas moins de 19 titres (dont 7 bonus tracks). Du crooner d'"Innocent Man" aux sonorités gospel de la superbe chanson d'amour "Skin", en passant par "Bitter End" où sa tessiture vocale s'épanouit aussi bien dans les graves que dans les aigus, il nous emporte ensuite au gré de ballades comme "Love you any less", "Odetta" ou "Grace"... jusqu'au poignant "Easy", interprété a cappella. Déjà numéro 1 du classement iTunes dans 25 pays, "Human" est l'un des albums les plus percutants et touchants de ce début d'année. A l'image de ce colosse impressionnant.  "La voix d'une légende blues" peut-on lire dans The Guardian. Une légende qui n'a écrit que le premier chapitre de son histoire... On se consolera donc en apprenant que son concert le 27 mars prochain, à l'Elysée-Montmartre, affiche d'ores et déjà complet.

"Human" (Best Laid Plans/Columbia/Sony Music). Disponible depuis le 10 février 2017.

13 févr. 2017

L'imaginaire débridé de Klô Pelgag

(c) Eienne Dufresne
Assister à un concert de Klô Pelgag c'est un peu comme franchir un monde parallèle. Un monde peuplé de savants fous, d'oiseaux qui convolent en justes noces, de chimères, de rêves étranges et pénétrants...
On peut se laisser emporter ou rester prudemment en marge des turbulences annoncées. Mais ce serait franchement dommage car la demoiselle fait souffler un vent aussi créatif que vivifiant sur la planète de la chanson francophone. Trois ans après après "L'Alchimie des Monstres", un premier album couronné de prix (Révélation de l'année au Gala de l'ADISQ, l'équivalent québécois de nos Victoires, Prix Barbara, Prix de la francophonie de l'Académie Charles Cros...), elle nous revient avec "L'Etoile Thoracique".
Des chansons qu'elle présentait il y a quelques jours au Café de la Danse. En combinaison noire, recouverte d'accessoires hétéroclites: une part de pizza, un os en peluche, une fusée ou des ailes portant le sigle de Metallica, Chloé Pelletier-Gagnon (son vrai nom) a fait salle comble. Un public séduit par le timbre clair, aux accents parfois lyriques de la chanteuse, ses textes poétiques et originaux, ses mélodies pop, rock, électro et un univers que certains qualifient déjà de "pelgagien" !
Accompagnée de cinq musiciens, dont un trio féminin à cordes, Klô donne le ton en attaquant avec "Insomnie", avant de nous emmener "Au Musée Grévin", de nous révéler "Le sexe des étoiles" ou de nous émouvoir avec "Samedi soir à la violence".
Des chansons qu'elle émaille de récits loufoques sur la co-écriture avec Robert de Niro d'une chanson parlant de Star Wars et de Pierre et Marie Curie ou de la frénésie érotique qui menace de saisir la salle lorsqu'elle s'adonne à la chanson d'amour.
A l'évidence, l'artiste imagine la scène comme un terrain de jeu, une cour de récré un brin dissipée. Où les marelles dessinées sur le sol commencent par le ciel.
Klô Pelgag, une étoile à suivre,..

"L'Etoile Thoracique" (Zamora Label/Coyote Records), disponible depuis le 3 février 2017.

6 févr. 2017

Les chansons nomades d' Elsa Kopf

(c) Séverin
" Depuis quelques mois, mon arbre à chansons produit de nouveaux fruits qui ne sont pas tous de la même forme, de la même couleur, du même parfum..." écrivait Elsa Kopf pour présenter son second album "Marvelously Dangerous". Un arbre qui ne cesse de s'étoffer, de se parer de délicates teintes pop, jazzy et électro, d'exhaler des senteurs envoûtantes... sans s'enraciner. A l'image de son nouvel opus "3". "On a cherché plusieurs titres qui ne trahiraient pas l'ensemble des chansons et celui-ci s'est imposé puisque c'est mon troisième album" confie-t-elle. Onze chansons nomades qui nous emmènent  "Sous la pluie" (un titre co-écrit avec sa mère Joëlle), du côté de l' "Idéal Estérel", dans la moite chaleur d'"El Incendio" ou encore au Brésil avec la reprise d'un standard de Vinicius de Moraes (Você e Eu) dans la version française d'Eddy Marnay "Avec des je, avec des ja", où elle donne la réplique à la chanteuse coréenne Sina.
"L'idée était de ne pas se répéter. On avait envie d'aller un peu plus loin." ajoute Elsa. Derrière ce "on" se cache évidemment l'ami Pierre Faa (du trio pop Peppermoon) que l'on retrouve aux manettes de "3".  "Nous nous étions croisés la veille de mon départ en Espagne en nous promettant de nous revoir à mon retour". Entre-temps, la chanteuse s'est baladée en Argentine, à Ibiza... avant de remettre le cap sur la capitale.
Et, parce que leur complicité artistique était déjà écrite... leurs premiers albums respectifs sortiront le même jour, en 2011 !
Pour elle, ce sera "Acoustic Joys" dont l'un des titres "Mai en moi" reçoit le Prix Delanoé. Et pour lui le prophétique "L'avenir n'est plus comme avant"... Entre deux écritures et compositions, parfois à quatre mains, ils partent en tournée en Chine (avec une performance live sur la chaîne nationale CCTV), au Japon, en Corée... Non contente de s'exprimer déjà en anglais, en français, en allemand et en espagnol, Elsa s'initie au coréen et au chinois.
Et comme le destin ne cesse de faire des clins d'oeil à cette artiste solaire, son prochain concert parisien aura lieu au... China Club !

"3", disponible depuis le 3 février.
En concert le 1er mars 2017, à 20h30, au China Club, 50, rue de Charenton, 75012 Paris. 
Tél.:01.43.46.08.09.