13 nov. 2016

Jeanne Rochette se dévoile

(D.R.)
Son album, le premier sorti en France, s'intitule "Cachée" et on prend le pari qu'elle ne devrait plus le rester très longtemps...Elle a d'ailleurs assuré la première partie de Philippe Katerine à l'Estival de Saint-Germain-en-Laye (le 2 octobre) et participe à la finale du tremplin "Et la chanson va !" (parrainé Francis Cabrel). qui se déroulera le 14 novembre prochain à l'Auditorium de Saint-Germain-des-Prés.
Il y a quelques jours, dans le cadre intimiste de chez Madame Arthur, le fameux cabaret de la rue des Martyrs, qui a la bonne idée de s'ouvrir à la chanson, Jeanne Rochette dévoilait ses talents d'auteure-compositrice. Et un timbre si mélodieux que l'addiction nous guette au détour de chaque refrain !
En 2004, la demoiselle avait fait le choix de franchir l'Atlantique pour s'installer au Québec. Elle y rencontrera notamment le pianiste de jazz François Bourassa. Dix ans plus tard, après l'enregistrement d'un premier album "Elle sort" (en 2010), des concerts et tournées en Angleterre, en Chine, en Inde... Jeanne boucle à nouveau ses bagages pour revenir en France. La capitale lui manque, comme elle le chante si joliment dans "Paris", l'un des onze titres de "Cachée" dont elle a signé paroles et musiques. Sur des arrangements soignés, elle évoque son désarroi devant "Les armoires vides", l'absence dans "Et si", une passion d'hier croisée dans "L'escalier" tout en délivrant de précieux conseils aux filles complexées avec "Paroles d'amies". Des chansons poétiques, tout à tour émouvantes et légères, qu'elle interprète avec une belle aisance scénique. Il faut dire que, outre le chant lyrique, le jazz, l'improvisation, Jeanne a étudié le théâtre et même la danse indienne ! "J'ai toujours été curieuse de toutes les formes artistiques. Je me sens proche d'artistes comme Camille dont j'aime la démarche expérimentale ou de James Thierrée. Voir ce dernier sur scène, c'est un peu comme si on assistait à la réalisation d'un rêve d'enfant. Moi, j'essaie de me surprendre, c'est ce qui m'alimente. J'adorerais travailler avec un metteur en scène" confie-t-elle. Une manière d'ajouter quelques couleurs à une palette déjà riche. "Jeanne Rochette, c'est de la ouate pour l'oreille et le coeur" affirme Michel Rivard. Il est donc grand temps d'ouvrir ses oreilles et son coeur pour la découvrir.

Le 28 novembre 2016, à 20 h 30, chez Madame Arthur, 75, rue des Martyrs, 75018 Paris. 
Tél.: 01.40.05.08.10. http://www.madamearthur.fr/
album "Cachée" (L'Autre Distribution)

4 nov. 2016

Ben l'Oncle Soul: "Avec Under My Skin, j'ai voyagé dans le temps".

Dans son précédent album "A coup de rêves", Ben l'Oncle Soul avait notamment enregistré une belle reprise de "Simply Beautiful" d'Al Green (en duo avec Keziah Jones). Cette fois, pour "Under My Skin", qui sort officiellement aujourd'hui, sur le prestigieux label Blue Note, il relève un sacré défi en s'attaquant au répertoire d'une légende: Frank Sinatra !
Avec la complicité de Matthieu Joly et Benjamin "Waxx" Heikimian, l'artiste d'origine caribéenne emmène "My Way", "Fly Me To The Monn", "The Good Life", "New York New York" ou encore "I Love Paris" sur des versants plus ensoleillés, à mi-chemin entre la soul, le reggae, le hip hop, le blues et le jazz. Onze titres qu'il interprétera, accompagné d'un solide combo de musiciens et d'un DJ, sur la scène du  Jazz Club Étoile (les 19 et 20 novembre prochains) dans le cadre du Blue Note Festival. Une tournée est également prévue au printemps, avec une escale au Bataclan, le 27 avril 2017.
Comment est né ce projet d'hommage à Sinatra ?
L'hiver dernier, j'ai réalisé que nous entrions dans le centième anniversaire de sa naissance (le 12 décembre 1915) et j'ai contacté ma maison de disques pour savoir s'il y avait quelque chose de prévu pour célébrer l'événement. J'avais lu pas mal de biographies et regardé des documentaires à son sujet. Tout le monde a l'impression de bien le connaître mais personne n'était vraiment capable de m'en parler. C'était un personnage plus complexe qu'on ne l'imagine. Plutôt que de faire des reprises de ses chansons, j'ai essayé de me les réapproprier, de les emmener du côté de la musique noire américaine.
Vous l'écoutiez lorsque vous étiez plus jeune ?
J'écoutais surtout Ray Charles. Mais tout au long de ma vie, durant l'enfance et à l'adolescence, il y avait toujours un parfum de Sinatra qui traînait autour de moi. Ma tante m'en parlait beaucoup. Je suis conscient qu'avec cet album, j'aborde un répertoire dans lequel les gens ne m'attendent pas forcément. A l'époque les arrangements étaient plutôt propres et lisses. Avec "Under My Skin", j'ai voyagé dans le temps pour aller chercher le côté plus moderne qui était derrière.
Le choix des titres a été compliqué ?
On a décidé de faire les tubes. Ceux que les gens ont envie d'écouter. Personnellement, je me suis pas mal inspiré de son concert à Las Vegas. J'ai réalisé que certaines chansons qui m'avaient touché quand j'étais ado me revenaient naturellement à l'esprit. Comme "Moonlight Serenade", une ballade qui est peut-être moins populaire mais que je trouve magnifique.
C'est vrai que vous avez failli abandonner le métier après la sortie de votre premier album "Ben l'Oncle Soul" ?
C'était le début de la musique pour moi. J'essayais de trouver le rythme, de prendre mes repères. Il y a eu une grosse tournée de 350 dates dans 13 pays en un an et demi. On nous demandait parfois de passer dans des lieux qui n'étaient pas appropriés pour faire de la musique. J'ai eu l'impression de ne plus contrôler le bateau. Je ressentais la petite peur de la mort de l'artiste.
Vous avez songé à retourner vers les arts plastiques ?
J'avais fait les Beaux-Arts avec le projet de devenir professeur d'arts plastiques mais je n'ai jamais enseigné. Le hobby de la musique a vite pris le dessus.
Vous chanterez Sinatra avec votre fameux noeud papillon ?
Je ne sais pas encore mais j'aboue que j'aimerais bien l'abandonner.
Après cet album-hommage, vous reviendrez à votre répertoire ?
Je continue d'écrire, dans l'ombre de Sinatra, sur la côte ouest des États-Unis où je vis aujourd'hui. Pas loin de mes amis musiciens du groupe Monophonics avec qui j'ai enregistré "A coup de rêves". Mon prochain album, je le ferai en effet avec mes chansons...

-"Under My Skin", disponible dès aujourd'hui, 4 novembre (label Blue Note).
Les 19 et 20 novembre 2017, à 21 h 30, au Jazz Club Étoile,
 81, bd Gouvion-Saint-Cyr, 75017 Paris.
Tél.: 01.40.68.30.42.



31 oct. 2016

"Billie Holiday - Sunny Side": un hommage touchant à la diva du jazz

(c) Denis Rion
Pour ce spectacle qu'elle a écrit et mis en scène, Naïsiwon El Aniou s'est inspirée à la fois de l'autobiographie de Billie Holiday ("Lady sings the blues") et des textes de ses chansons. Un récit, assorti d'extraits d'enregistrements originaux.
Ici, le propos n'est pas de réinterpréter les succès de la chanteuse, mais de marcher (et danser) dans ses pas. Depuis son enfance cabossée, ses rapports avec une mère incapable de lui rendre son amour, sa quête du père, ses amours chaotiques avec des hommes souvent violents. Sans oublier les séjours en prison, le racisme, la drogue et l'alcool. "Une femme fatale dans le sens où la fatalité s'en était prise à elle dès le départ et ne l'avait jamais quittée..." écrira Françoise Sagan pour expliquer la douleur contenue dans cette voix qui demeure l'une des plus bouleversantes de l'histoire du jazz et du blues.
Quant au titre, il rappelle qu'à cette époque, le côté ensoleillé des rues était réservé aux noirs, les blancs bénéficiant du côté ombragé, plus rafraîchissant.
Entre deux pas de danse africaine, Naïssiwon prend la pose pour des séances photos, prépare un ragoût de haricots rouges, se pare de perles et de fleurs de gardénia, évoque cette tendre amitié avec le saxophoniste Leister Young qui la baptisera "Lady Day, la rencontre avec Orson Welles... Même si on se perd parfois dans la multitude d'accessoires sur scène, on se laisser emporter par cette évocation sensible et émouvante de la vie de Billie Holiday.

Jusqu'au 26 novembre 2016, les vendredis et samedis à 19 h 30 à la Folie Théâtre, 6, rue de la Folie Méricourt, 75011 Paris. 
Tél.; 01 43 55 14 80. Prix; 20 € et 15 € (tarif réduit). http://www.folietheatre.com/







6 oct. 2016

Cirque Le Roux: des virtuoses hors normes

Dès les premières minutes, le public est averti par un bandeau défilant en fond de scène: "toute ressemblance avec un spectacle existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence..."
De fait, avec cette création baptisée "The Elephant in The Room", le Cirque Le Roux bouscule tous les stéréotypes du genre. Point de piste, de M. Loyal, de trapèze ou de clown mais un décor qui semble tout droit sorti d'un film noir des années 30. Et une intrigue qui met en scène Miss Betty (Lolita Costet), le jour de son mariage, son mari Mr Barack (Yannick Thomas), un serveur loufoque (Grégory Arsenal) et un dandy pique-assiette (Philip Rosenberg).
Réunis dans un salon à l'atmosphère sombre et feutrée, le quatuor devise (en anglais et en français), flirte, intrigue, s'amuse, tout en buvant du champagne. Puis les acrobaties commencent et on retient son souffle devant ces corps qui se frôlent, s'entremêlent dans une esthétique glamour, voire terriblement sexy.
(c) Francesca Torracchi
Sur des musiques originales d'Alexandra Streliski, le quatuor se livre à une succession de performances de haut vol: claquettes, main à main, échafaudage humain, figures acrobatiques sur un canapé... Seule concession au monde circassien, un mât dressé sur scène, sur lequel ils effectuent des numéros vertigineux.
Il flotte aussi dans l'air une histoire de poison... mais on ne vous en dira pas plus car il faut absolument découvrir ce spectacle qui fusionne avec une audace rare les arts visuels, le cirque et le cinéma.


Du mardi au samedi, à 19 heures, jusqu'au 31 décembre 2016, à Bobino, 14-20, rue de la Gaîté, 75014 Paris. Tél.: 01.43.27.24.24. Tarifs: de 23 à 53 €. http://www.bobino.fr/ 

13 sept. 2016

Valéry Zeitoun :"Je me suis investi à 100 % dans "Un été 44"

La troupe d'Un été 44
Le 6 juin dernier, au Mémorial de Caen avait lieu la présentation d' "Un été 44". Un lieu symbolique puisque ce spectacle évoque le destin à la fois romanesque et tragique de six anonymes plongés dans la tourmente de cet été 44, entre le débarquement et la libération de Paris. Si le casting des six chanteurs et comédiens privilégie les jeunes talents, celui des auteurs-compositeurs réunit Charles Aznavour, Maxime Le Forestier, Jean-Jacques Goldman, Alain Chamfort,Yves Duteil, Jean Fauque, Claude Lemesle, François Bernheim... Des atouts incontestables pour cette fresque historique qui s'annonce comme l'un des événements de la rentrée.
Rencontre avec le producteur Valéry Zeitoun qui a notamment lancé la carrière de nombreux artistes au sein du label AZ et participé à l'aventure des "Vieilles Canailles".

Produire ce genre de spectacle, c'est une grande première pour toi ?
Habituellement, je ne suis pas friand des comédies musicales, hormis celles de Broadway. D'ailleurs pour "Un été 44", je préfère parler de spectacle musical car ici, contrairement à d'autres productions, les musiciens sont en live et il n'y a pas de danseurs. J'ai besoin qu'il y ait du fond, une histoire.
Et celle-ci te touche particulièrement ?
C'est vrai. J'ai un grand-père qui est mort en 1944. Il faisait partie de la D.B. Mais plutôt que de parler de la guerre et de ceux qui l'ont décidée, nous avons choisi d'évoquer les anonymes qui l'ont subie, de rappeler aussi des épisodes comme l'arrivée des pianos Steinway débarqués avec les soldats, l'importation de la culture américaine en Europe ou de saluer le courage des Rochambelles.
L'histoire de ces dernières est encore peu connue du public ?
J'aime m'appuyer sur des fondations. En Normandie, elles sont très populaires. A une époque où on parle de parité, de la place des femmes dans la société, je trouve que l'histoire de ces ambulancières qui ont sauvé de nombreuses vies a un panache extraordinaire.
Peut-on parler de devoir de mémoire ?
Je ne peux pas m'exprimer au nom de toute l'équipe mais moi, en tant que producteur, je l'assume totalement.
Dans "Un été 44", les caractères des personnages sont volontairement nuancés, non ?
Je pense que l'histoire n'est jamais noire ou blanche. L'homme n'est jamais totalement bon ou mauvais. C'est ce que l'on a essayé de faire ressortir dans cette histoire.
On ne trouve pas de noms connus dans la troupe, c'est également volontaire ?
Alice Raucoules a participé à la Star Ac' il y a une dizaine d'années mais nous avons en effet évité de puiser dans les candidats de The Voice ou de Nouvelle Star pour réaliser le casting ! Nicolas Laurent qui joue le rôle de Petit René a tout juste 17 ans et il vient d'un village de 400 habitants. Le seul qui a un peu de "bouteille", c'est Tomislav Matosin (le soldat américain Willy O'Brien). Il a tourné dans les bars. Ici, les artistes sont au service du spectacle et non l'inverse.
Pourquoi as-tu choisi de présenter le spectacle en avant-première à Caen plutôt qu'à Paris ?
Au-delà du symbole, il était vital pour moi que ce projet soit adoubé par les normands.
On connaît ta passion pour le poker. Quels sont à ton avis les atouts d'"Un été 44" ?
Hormis la solide équipe qui est à mes côtés (Anthony Souchet, Sylvain Lebel, Erick Benzi...), le talent des artistes, des auteurs et compositeurs, l'histoire... je me suis investi à 100 % dans ce spectacle, avec passion et sincérité.  A 40 ans, mon but était de réussir dans la vie. A 50 ans, j'aspire à réussir ma vie. Ce projet correspond à mon état d'esprit aujourd'hui...

Du 4 novembre 2016 au 26 février 2017 au Comédia, 4 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris. Tél.:01.42.38.22.22. Places: de 30 à 79 €.
http://www.lecomedia.fr/

22 juin 2016

MC Solaar: un retour en 2017 ?

Le 2 juin dernier avait lieu la conférence de presse du Festival Solidays (qui débute vendredi à l'Hippodrome de Longchamp).
L'occasion de croiser MC Solaar, parrain historique de cette grande fête de la musique, de la fraternité et de la solidarité. Et de "confesser" un peu l'auteur de "Bouge de là" dont le dernier album "Chapitre 7" remonte tout de même à 2007 ! Une longue abstinence qui ne l'empêche pas de demeurer le rappeur le plus populaire de sa génération.

Ces dernières années, ton engagement auprès de Solidays ou des Restos du Coeur a pris le pas sur ta carrière personnelle, non ?
Cela ne prend pas forcément pas le pas mais, comme je ne sors rien, je suis disponible !  J'ai rencontré l'équipe de Solidarité Sida il y a une vingtaine d'années. Lorsqu'on m'a demandé de parrainer Solidays, il m'était impossible de refuser...
Qu'en est-il des rumeurs récurrentes concernant la sortie d'un nouvel album ?
Je n'en suis pas aussi loin que prévu. J'ai commencé une petite session pendant 5 mois. J'espère reprendre en septembre. Il paraît que cela fait dix ans que je me repose !
Et comment as-tu occupé ce long repos ?
Je mène la vie que j'avais en tant que rappeur : je sors, je fais des rencontres, je retrouve des amis...
Tu assistes aussi à des concerts ?
Pas trop. J'aimerais bien qu'ils débutent à 22h30 ! Il m'arrive de répondre à des invitations de musiciens que je croise. J'éprouve tout de même une petite frustration à l'idée d'avoir raté les concerts de Stromaé ou de Christine and The Queen.
Tu bénéficies encore d'une incroyable cote de popularité, cela ne t'encourage pas à revenir sur le devant de la scène ?
Cela booste évidemment, mais je regarde si la la mer est agitée ou pas. Sinon, pourquoi prendre un bateau ?
Pas d'embarquement imminent alors ?
Non. J'ai bien quelques écrits dans l'air mais j'aime faire les choses en prévision d'un moment précis. Et surtout, il faut que je m'amuse.
Ce moment précis, ne serait-ce pas le 2 juillet prochain pour le concert "Hip Hop Symphonique" ?
C'est vrai que j'ai été séduit par l'idée de ce concert de rap symphonique à l'Auditorium de la Maison de la Radio (voir annonce du 9 juin dernier sur ce blog). L'un des initiateurs, Issam Krimi m'a fait découvrir son travail et j'ai trouvé qu'il avait du talent. C'est un mec sincère, un activiste de la culture urbaine. Et je vais être accompagné par l'Orchestre Philharmonique de Radio France, avec les meilleurs violonistes du monde ! J'ai donc accepté de sortir de ma tanière. Comme les autres artistes qui seront sur scène (I AM, Ärsenik, Youssoupha et Biglo & Oli), je ferai deux titres réorchestrés dont j'ai envie de réserver la surprise. Allez, en confidence, il y aura "Caroline"...
Et ton projet de comédie musicale sur le hip hop ?
Il date des années 94/95 mais je ne l'ai jamais mis en chantier. Je ne vois pas l'intérêt de ranimer les flammes sur des trucs qui ont vingt ans.
Pourtant, "Solaar pleure" est encore d'actualité ?
J'ai pu écrire des textes visionnaires, sans doute parce que je ne parlais pas de moi mais de la société, Le mal-être est le même.
Justement, compte-tenu de l'actuel climat social, tu n'a pas envie de faire entendre ta voix ?
J'ai tellement attendu. Je peux attendre encore... Je ne voulais rien sortir pendant les années comportant la lettre "z". Mais, c'est promis, on en reparle après le 31 décembre 2016 !

Festival Solidays, les 24, 25 et 26 juin 2016, à l'Hippodrome de Longchamp. 
Infos sur http://www.solidays.org/
"Hip Hop Symphonique", le 2 juillet à 19 heures à l'Auditorium de la Radio, 116, avenue du Président Kennedy, 75016 Paris.

20 juin 2016

Thomas Fersen: "J'ai toujours aimé raconter des histoires... "

(c) Marie Taquet
Le 6 août prochain, Thomas Fersen sera à l'affiche de "Chansons & Mots d'Amou". 
Un festival qui, durant trois jours, célébrera la musique et la poésie, avec des artistes comme Marie-Christine Barrault, La Maison Tellier, Flavia Perez, Arbon, Céline Caussimon, Etienne Champollion, Stanislas de La Tousche, Geneviève Morissette, Simon Dalmais...
Une cinquième édition dont il a accepté d'être le parrain.

Le thème choisi cette année: "La chanson, ça conte !" semble avoir été créé pour vous, non ?
C'est une heureuse coïncidence. En tout cas, moi cela m'a inspiré.
Pouvez-vous nous parler de votre spectacle "Chansons et sketches en vers" ?
Il s'agit de monologues en vers qui étaient destinés à être des chansons, puis je suis un peu sorti du cadre. La forme est parfois poétique, parfois fantaisiste. La chanson reste, à mon avis, assez superficielle, mais c'est aussi sa vertu.
Est-ce aussi une manière de combler les silences dans un récital ?
Lorsque j'ai débuté, on me disait qu'il fallait parler au public, entre deux chansons. J'ai toujours aimé raconter des histoires et des anecdotes aux gens. Aujourd'hui, ces récits en vers représentent 40 % de mon spectacle. Avec ces monologues, j'ai le sentiment d'apporter quelque chose de frais, d'inédit.
Vous avez dit un jour que la vraie rébellion, c'était de chanter en français. C'est encore le cas ?
De plus en plus ! A l'époque où j'ai dit ça, il y avait assez peu d'artistes français qui chantaient en anglais. Maintenant, c'est plutôt le contraire. Il y a même des réseaux où vous n'êtes pas programmés si vous ne suivez pas le courant. De nos jours, chanter en français, est presque un acte de résistance, même si je ne suis pas un adepte des termes guerriers.
Vous refusez de vous laisser enfermer dans une case. Pourtant, vous n'avez pas échappé à certaines étiquettes comme celle de représentant de la "nouvelle scène française" ?
C'est assez paradoxal car je suis né en 1963 et cette appellation concerne plutôt des artistes qui sont dans la quarantaine. Cette façon de dater est peut-être liée à l'intérêt que le public porte à la chanson française. Je n'ai pas cette notion linéaire. Pour moi, la chanson appartient à la catégorie des madeleines.
Dans votre dernier album "Thomas Fersen & The Ginger Accident", vous abordez des sonorités musicales inattendues ?
J'imagine que l'intérêt du public pour ce que je peux proposer, c'est justement cette liberté. Pas question pour moi de la renier. J'envisage d'ailleurs de quitter le disque pour me consacrer au spectacle vivant que je trouve fédérateur.
Vous ressentez de l'amertume face à l'industrie du disque ?
Ce serait naïf de ma part. Ce n'est pas moi qui tire les ficelles. On s'adapte pour arriver à travailler avec elle.
Vous avez tout de même un projet d'album à la rentrée ?
En effet. Je travaille avec Joseph Racaille sur un disque qui devrait sortir à l'automne.
Il paraît que vous notez toute vos idées sur des bouts de papier ?
Plus maintenant. Depuis deux ans j'enregistre tout sur mon téléphone.
Ce n'est pas un peu risqué ?
J'aime le danger. Plus sérieusement, il m'est arrivé de perdre des papiers qui rampaient hors de mes poches !
Pensez-vous toujours qu'il y a de l'érotisme dans la création ?
J'y songeais justement hier en croyant que j'avais fait une trouvaille ! Apparemment, je me suis déjà confié à ce sujet. C'est vrai qu'il y a quelque chose d'assez érotisant dans le jet de la création et l'incarnation sur scène.
Vous écrivez rarement pour les autres. Pourquoi ?
Ce que j'écris est très personnel. Le faire pour d'autres interprètes est assez contraignant. J'ai longtemps refusé de le faire sur commande. De toute manière, j'écris uniquement par plaisir.
Avec l'envie d'apporter un peu de légèreté et de fantaisie ?
Absolument. Quand on est chanteur, on ne devrait pas trop la ramener. Ce n'est pas mon style de donner des conseils. Je trouve même que c'est un peu malhonnête puisque la chanson s'inscrit dans une industrie.
Votre refuge, c'est plutôt la littérature ?
Jean Genet fait partie de ceux qui m'ont permis d'entrevoir une dimension sacrée. J'ai toujours cherché cette sensibilité dans la littérature. Je suis un autodidacte qui fonctionne à l'intuition. J'ai retrouvé ça chez Prévert. Quand on est ignorant, comme moi, c'est le plus accessible des écrivains. Il vous ouvre la porte...

Festival "Chansons & Mots d'Amou", les 5, 6 et 7 août 2016 à Amou dans les Landes (40). Tarifs: 20 € (le 5 août), 25 € (le 6 août) et 12 € (le 7 août). Pass 3 jours à 35 €. 
Infos sur le site http://www.chansonsetmotsdamou.fr/




15 juin 2016

Isabelle Georges: il y a de l'amour dans l'air !

(c) Photo Lot
"Ma seule réponse à la violence ambiante, c'est de chanter l'amour sous toutes ses formes..." explique Isabelle Georges qui, après "Une étoile et moi", "Padam Padam", "Broadway en chanté" présente son nouveau spectacle "Amour Amor". Du coup de foudre aux retrouvailles, de la séduction à la passion ou la rupture, la chanteuse-comédienne aborde toute une palette d'émois amoureux, allant même jusqu'à nous conter "la chose", avec un talent consommé !
Il faut la découvrir dans une version terriblement sensuelle des "Nuits d'une demoiselle" (chanson immortalisée par Colette Renard), pour réaliser combien elle maîtrise son sujet. Glamour à souhait, dotée d'un savoureux sens de l'humour et d'un timbre puissant et mélodieux, l'artiste puise, à l'envi, dans le répertoire (Aznavour, Trénet, Mouloudji, Rezvani, Distel...) pour nous entraîner dans une carte du tendre, jalonnée de refrains populaires tels que "C'est merveilleux l'amour", La belle vie", "Le tourbillon de l'amour", "Un jour tu verras", "Que reste-t-il de nos amours", "Ziggy" (extrait de Starmania)... Au passage, elle nous rejoue une scène du "Mépris" de Godard ou endosse le costume de Blanche-Neige pour revisiter "Un jour mon prince viendra".
Un tour de chant (sur des arrangements de Cyrille Lehn) ponctué de sketches orchestrés avec la complicité de ses musiciens multi-instrumentistes:  Edouard Pennes, Adrien Sanchez et Frederik Steenbrink. Ce dernier la rejoint d'ailleurs sur des duos réussis et... sous les draps pour mimer de chastes ébats. Un joyeux et bel hommage aux auteurs compositeurs qui lui ont inspiré "Amour Amor", sans oublier un clin d'oeil à Cocteau qui écrivait: "le verbe aimer est difficile à conjuguer: son passé n'est pas simple, son présent n'est qu'indicatif et son futur est toujours conditionnel". Nous, Isabelle Georges, on l'aime de manière inconditionnelle...

Jusqu'au 20 août 2016, du mardi au samedi à 20 h 30, mat. sam. à 16 h, au Théâtre La Bruyère, 5, rue La Bruyère, 75009 Paris. Tél.: 01.48.74.76.99
http://www.theatrelabruyere.com/

12 mai 2016

Geneviève Morissette: ébouriffante !

On avait déjà craqué sur l'album "Me v'là", mais découvrir Geneviève Morissette, en live, c'est tout simplement du bonus. Dès qu'elle déboule avec ses bottines, sa robe en dentelle blanche (genre tenue de mariée) et sa rousse crinière en bataille, on entre dans une autre dimension. "La scène, c'est toute ma vie" clame-t-elle dans la chanson "Me v'là". Et on la croit volontiers !
Difficile d'éviter les références à sa compatriote Diane Dufresne dont elle partage le grain de folie. Un grain qui menace de se transformer en tempête quand elle chante "Exploser", "Gueuler ma vie" ou qu'elle pique sa "Crise de nerfs". Et lorsqu'elle se met au piano pour une tonitruante déclaration à "Michel Drucker", on imagine que l'animateur ne devrait pas résister davantage au charme dévastateur de cette artiste. Entre deux performances vocales, elle prouve qu'elle sait aussi slamer aux côtés du beatboxeur lyonnais Kosh.
Un show ébouriffant qui laisse la place à de beaux moments d'émotion avec "ça veut pu" ou la chanson "Paris", écrite au lendemain des attentats du 13 novembre.
En rappel, devant un public debout, Geneviève Morissette offre la primeur d'une "Chanson énervante", composée avec Marie Nimier. Une toune, comme on dit dans son Québec natal, dont le refrain nous poursuit encore après le concert.
Une "bête de scène" qui n'a pas fini de nous surprendre...

"Me vlà" (Balandras Éditions/E.P.M.) nouvelle version prévue le 3 juin prochain avec des bonus: "Paris", "Michel Drucker" et "Crise de nerfs". 
En tournée cet été, notamment au festival "Chansons & Mots d'Amou", le 6 août.

11 mars 2016

Manu Katché : "J'ai très envie de refaire One Shot Not "

(c) Visual
Considéré comme l'un des batteurs les plus doués et les plus influents de sa génération, Manu Katché a également coiffé les casquettes d'auteur, compositeur, homme de télévision...
Il sort aujourd'hui "Unstatic", son sixième album solo,  avant de se produire à l'Olympia, le 7 avril prochain. Un concert unique, intitulé "Manu Katché and Friends", où il partagera la scène avec Sting, Stephan Eicher, Richard Bona, Raul Midon et la chanteuse Noa.



Lors de notre dernière entrevue, vous veniez de publier "Road Book", un livre dans lequel vous évoquiez vos rencontres avec Sting, Peter Gabriel, Herbie Hancock, Marcus Miller... Peut-on imaginer un tome 2 consacré aux années françaises ?
Absolument. Dans le premier ouvrage, j'avais débuté par le côté américain qui fait rêver. Là, j'ai commencé doucement à écrire la suite.
Pouvez-vous nous parler de vos retrouvailles avec le Michel Jonasz Quartet ?
Nous n'avions pas joué ensemble depuis trente ans ! Nous avons tout de suite retrouvé nos codes. C'est drôle comme l'esprit peut être précis. C'était comme avant, avec encore plus de plaisir.
Que signifie le titre "Unstatic" ?
En fait, c'est un mot qui n'existe pas. Mais, étonnement, il évoque plein de choses. Libre à chacun de trouver sa définition. C'est ouvert !
A un journaliste qui vous qualifiait d'homme-orchestre, vous avez répondu que vous vous sentiez plutôt comme un coloriste. C'est vrai ?
Je trouve que cela me va mieux, même si homme-orchestre est plutôt flatteur. Cela veut dire que je me suis mis en danger.
Pour l'Olympia, vous avez prévu des places VIP dont les bénéfices financeront les études musicales de jeunes défavorisés ?
Quand on arrive à un certain âge, on a envie de transmettre, de montrer que rien n'est inaccessible. J'en suis un peu la preuve. C'était notamment le message de "Road Book". Prouver qu'en bossant, tout est possible. Il faut oser.
Vous avez la réputation de changer de musiciens à chaque album. Ce n'est pas le cas ici ?
C'est vrai que j'aime bien jouer avec des musiciens différents. Cela donne une nouvelle dimension. Un disque, c'est comme une empreinte. Mais là, je joue avec les musiciens qui m'ont accompagné en tournée (le trompettiste Luca Aquino, le saxophoniste Tore Brunborg et Jim "James Watson aux claviers). J'ai juste demandé au tromboniste Nils Landgren et à Ellen Andrea Wang, une jeune contrebassiste norvégienne de nous rejoindre. Cette dernière à une approche différente de cet instrument qui est plutôt à tendance masculine.
Quel a été le déclic pour passer de la batterie à la composition ?
J'ai toujours écrit de la musique. Mon premier instrument, c'était le piano. Le problème, c'était de me jeter à l'eau. Au début, je n'étais pas sûr d'en être capable, je me voyais comme un essayiste. J'ai appris beaucoup de choses, dans divers styles, avec des artistes qui n'étaient pas des débutants !
Au-delà de ces expériences musicales, j'ai rencontré des gens incroyables avec une philosophie de vie très poussée. J'avais juste besoin de comprendre et de grandir. C'est au cours de la tournée Brand New Day avec Sting, que j'ai eu envie de passer à autre chose, de prendre un peu les rênes. Après, il fallait trouver des musiciens n'ayant pas forcément le même background que le mien et qui seraient prêts à jouer avec moi.
En parlant de reprendre les rênes. Qu'en est-il des rumeurs annonçant un retour de l'émission "One Shot Not" ?
Il y a en effet une demande pour relancer la production de l'émission et j'y travaille. J'aimerais faire quelque chose de plus intimiste, plus unplugged. J'avais eu cette idée avec Kasabian et Bruno Mars. Mon souhait serait de développer cette forme de relecture musicale. Je me souviens qu'au début, les gens écorchaient toujours le nom de l'émission. J'ai très envie de refaire One Shot Not. Cela m'apportait beaucoup musicalement et j'y prenais du plaisir...
(c) Visual
Aucune chance, en revanche, de vous revoir dans le fauteuil du jury de La Nouvelle Star ?
Non. J'y suis resté 4 ans mais c'est fini. Cela m'a permis d'avoir une petite vitrine, même si ce n'était pas calculé.
Le 7 avril, sous serez entouré de votre famille musicale ?
C'est mon premier Olympia en tant que leader. Je fêterai la sortie de l'album,entouré de gens avec lesquels j'aime jouer et qui sont importants dans ma vie artistique.

Le 7 avril 2016, à 20 heures, à l'Olympia, 
28, Bd des Capucines, 75009 Paris. Tél.: 08.92.68.33.68.
www.olympiahall.com
En tournée: le 18 mars à Rennes, le 27 mars au Palais des Sports de Mégève, le 3 mai au "Mai Jazz" de Stavanger, le 4 mai au Fasching de Stockholm, le 5 mai au Nasjonal Jazzsene d'Oslo, le 13 mai à Chartres, le 20 mai au Karavan Théâtre de Chassieu...
Album "Unstatic" (Anteprima/Musicast).

3 févr. 2016

Cheick Tidiane Seck: "Je prône un monde pluriel"

(c) Philippe Savoir
La notoriété de ce charismatique chanteur et claviériste a largement dépassé les frontières de son Mali natal. Après avoir travaillé avec le Super Rail Band de Bamako, Salif Keita, Joe Zawinul, Ornette Coleman, Wayne Shorter, Joe Zawinul... Cheick Tidiane Seck a enregistré son premier album solo "Mandingroove", en 2003. Deux autres suivront: "Sabali" puis "Guerrier" (en 2013). Un troisième opus, dans lequel il a assuré toutes les parties vocales et instrumentales. Des chansons qui parlent d'amour, de respect mais aussi de l'injustice, de l'émigration...Entretien avec un humaniste convaincu, quelques jours avant son départ pour Bamako.
- Pourquoi as-tu attendu l'âge de 50 ans pour sortir un premier album en ton nom ?
Parce que je ne me suis jamais construit le destin de quelqu'un qui souhaite se mettre en avant. Je suis au service de la musique, j'essaie juste de la magnifier. Je suis fier car de nombreux musiciens sont venus à mon école ! C'est une posture qui me convient. Je suis un passionné sans calcul.
- Une passion qui t'a parfois joué des tours ?
C'est vrai. Mes propos et ma démarche ne plaisent pas à tout le monde. Je combats, avec la même énergie, le racisme anti-noir et le racisme anti-blanc. Je prône un monde pluriel.
- C'est vrai que la voix d'Aretha Franklin a une résonance particulière pour toi ?
Elle me fait penser à celle de ma mère. Elle avait une voix magnifique et j'étais son premier fan. Elle a toujours refusé qu'on l'enregistre. Alors je la retrouve en écoutant Aretha Franklin. A la mort de mon père, alors que j'avais tout juste un an, elle a déclaré qu'elle allait épouser les enfants de la terre. Ce qu'elle a fait jusqu'à l'âge de 90 ans.
- Peux-tu nous parler de la reformation des Ambassadeurs ?
Cela a permis de raviver une certaine complicité, de renouer avec les bons moments que nous avions vécus. Nous sommes du même socle. L'aventure aurait pu se poursuivre, mais certains y ont vu une menace pour leur propre carrière.
Mais tu as d'autres projets ?
Je vais bientôt aller à Mexico pour le "Festival des cultures en résistance" dont je suis le parrain. J'envisage également de créer ma propre structure pour préserver mon indépendance et enregistrer des albums qui portent de vrais messages pour l'humain. J'aimerais aussi faire un disque de piano solo et travailler avec des musiciens bretons. Le son des cornemuses est quelque chose qui me parle.
Et il y a toujours cet opéra sur Abucabar II ?
J'ai commencé à travailler dessus. Cela fait déjà un moment que j'ai envie de raconter l'histoire de cet empereur mandingue dont on dit qu'il a découvert l'Amérique bien avant Christophe Colomb !
Tu as de nombreux surnoms. Celui de "Guerrier"est-il plus proche de toi ?
On m'a  appelé "Che". Un personnage que j'estime parce qu'il a eu le courage de tout plaquer pour aller aider les cubains. Ou encore "Black Buddha", sans doute parce que j'essaie toujours de trouver la solution, quelle que soit la gravité de la situation. C'est une forme d'abnégation et de sagesse. Mais c'est vrai que le surnom de guerrier me plaît bien. Un guerrier pacifiste qui mène un juste combat pour fédérer les énergies autour de l'union sacrée...