20 févr. 2015

Les Franglaises en VF



(c) Victor Delfim
C’est une évidence, les  français (hormis la jeune génération) ne sont pas vraiment les champions lorsqu’il s’agit de s’exprimer dans la langue de Shakespeare !  Ce qui ne les empêche pas d’affectionner les tubes anglo-saxons qu’ils ânonnent en « yaourt » ou par cœur, sans en saisir toujours les subtilités ! Partant de ce postulat, Les Franglaises proposent l’un des spectacles les plus désopilants du moment. Le principe ? Traduire mot à mot en français quelques « morceaux choisis » en demandant au public de deviner de quelles chansons sont tirées des phrases aussi inoubliables que : « Je reste autour, de ville en ville, je garde l’esprit tranquille, je fais du très bon pain » ou encore « Bienvenue à l’Hôtel Californie. Oh ! quelle belle surprise. Ramène ton alibi ». 
On ne vous donnera évidemment pas les réponses car il faut absolument découvrir sur scène ces chanteurs, musiciens, danseurs, auteurs…menés par Yoni Dahan, une sorte de Maître de Cérémonie aux allures de G.O. On avoue tout de même un coup de cœur pour le très barré Quentin Bouissou, impayable notamment dans la peau de Michel Fils-de-Jacques (Michael Jackson). Quant à ses camarades de jeu, ils ne ménagent pas non plus leur énergie et leur talent pour offrir au public ce drôle de blind-test. Les Franglaises ont déniché leurs pépites dans les répertoires d’artistes et groupes tels que Les Scarabées (Les Beatles), Les Garçons de la Plage (Te Beach Boys), Guillaume Farelle (Pharrell Williams) ) Les Filles Epicées (Spice Girls) ou encore Les Petits Pois aux Yeux Noirs (The Black Eyed Peas). Les morceaux sont mis en scène avec des chorégraphies décalées, des effets spéciaux, des bruitages… Seul petit, mais alors très petit bémol, un final qui n’est pas tout-à-fait à la démesure de ce show déjanté.
Désormais, vous ne pourrez plus fredonner le fameux « Hello Goodbye » des Beatles sans savoir que vous répétez inlassablement : « Tu dis oui, je dis non. Tu dis stop et je dis va, va, va. Je ne sais pas pourquoi tu dis au revoir, je dis bonjour… ».
Annie Grandjanin
 
Jusqu’au 22 mai, du mercredi au samedi à 21 heures, mat. samedi à 16h30, à Bobino, 14/20, rue de la Gaîté, 75014 Paris. Tél. : 01.43.27.24.24. Places : de 22 à 52 €. www.bobino.fr

13 févr. 2015

Pascal Mary: un artiste à fleur de peau


« Me v’là enfin bien dans mes traces, avec mes sourires, mes grimaces, me v’là à l’aise dans mes godasses… » chante Pascal Mary au début de son spectacle « Tout compte fait »,  créé au festival off d’Avignon, l’été dernier, avec la collaboration artistique de Marina Tomé. 

(c) Bertrand Soubrier
Ses godasses, il les a traînées sur toutes les routes de France et de Navarre pour faire entendre ses chansons. Bon nombre d’entre nous ont d’ailleurs croisé son visage souriant à l’entrée des salles parisiennes où il distribue lui-même les flyers de ses concerts. Car cet auteur compositeur est un artisan, un passionné qui n’hésite pas à aller au devant du public.
Tendre, tourmenté, volontiers sarcastique, le timbre tour à tour puissant ou caressant, il fait vibrer toutes les cordes sensibles. Qu’il  nous invite à partager l’ennui des dimanches de son enfance, s’amuse de tous ces « j’aime » qui fleurissent sur les réseaux sociaux ou confesse son penchant pour la mélancolie et les hommes. On peut préférer son registre plus fantaisiste, comme son tube « Joyeux Noël » (qu’il annonce modestement), dans lequel sa verve et son humour caustique sont impressionnants. "Tout compte fait", Pascal Mary est un artiste à découvrir dans l'intimité de ce piano-voix.
Annie Grandjanin

Jusqu’au 31 mars, les lundis et mardis, à 20 heures, à l’Essaïon, 6, rue Pierre au Lard 75004 Paris. Tél. : 01.42.78.46.42. www.essaion.com


5 févr. 2015

Anne Baquet: un talent fou !

Après ses deux récitals « J’aurais voulu dev’nir chanteuse » et « Non, je ne veux pas chanter », Anne Baquet revient avec : « Cette nuit, c’est mon jour ». Une création ou plutôt une récréation dans laquelle elle affirme ses talents de chanteuse, de comédienne, de danseuse et un sacré grain de folie. Et son registre est aussi étendu que sa tessiture de soprano !

(c) Pascale Angelosanto
Dès l’entrée, elle apparaît, juchée sur un piano, enveloppée dans un immense voile blanc, genre cocon. Un cocon dont elle se défait pour se métamorphoser…en onze personnages complètement loufoques.En un peu plus d’une heure, elle se glisse ainsi dans la peau d’une diva russe carburant à la vodka, de Jason, un rockeur romantique, de deux bonnes copines (enfin pas si bonnes que ça !), d’une jeune fille rêvant de gloire, de profs de chant, de théâtre et de danse distillant conseils et préventions…
L’occasion pour ce pétillant bout de femme d’évoquer avec humour les affres de l’adolescence, les mères castratrices, le père absent (parti jouer les pères Noël !), les douleurs de l’apprentissage pour devenir une star…
Arborant veste de smoking et baskets, une tenue qui sied bien à une artiste qui navigue à contre-courant des modes, Anne alterne avec une égale maestria sketches et chansons. Elle a signé certains textes, avec la complicité d’auteurs comme Frank Thomas, Frédéric Zeitoun, Flannan Obé et les musiques sont de Juliette, Thierry Escaich,  Gounod ou encore Tchaïkovski. A ses côtés, le pianiste Damien Nédonchelle délaisse volontiers son clavier pour l’accompagner dans des tableaux délirants comme la parodie des « Parapluies de Cherbourg » (rebaptisés "Les parasols de Deauville").
« Pour être artiste, il faut mériter son tour de piste » clame l’un des personnages de « Cette  nuit, c’est mon jour ». Ses galons d’artiste, Anne Baquet les a gagnés depuis belle lurette. Mais, avec ce spectacle, elle confirme que l’on peut avoir un talent fou, sans se prendre au sérieux.
Annie Grandjanin

Jusqu'au 28 février, du jeudi au samedi, à 19h30, au Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre au Lard, 75004 Paris. Tél. : 01.42.78.46.42. Places : 20 et 15 € (tarifs réduits).


3 févr. 2015

Les rêveries musicales de Pierre Faa

(c) Jay Alansky
Son nom fait penser à une note de musique qui se prolonge puis s’échappe pour prendre l’air. Comme une incitation au voyage et à la rêverie, à l’image de son deuxième album « Ginkgo Biloba » (un arbre très ancien dont on dit qu’il fut le premier à repousser après la catastrophe d’Hiroshima). 
Douze chansons aériennes, graves et légères, portées par des mélodies entraînantes, dans lesquelles cet auteur-compositeur (et arrangeur) raconte le temps qui accélère, les rivières qui prennent des détours pour trouver la mer ou les sortilèges de l’Asie. S’il faut chercher une filiation, on la trouvera peut-être du côté de William Sheller : « Je n’arrive pas à attraper un uniforme de travail, à être d’une famille ou d’une autre, mais je me reconnais dans sa manière d’exprimer, en douce, les sentiments. » confie-t-il.
Il y a chez Pierre Faa, une évidente et élégante pudeur lorsqu'il nous invite  à sa fenêtre pour découvrir  des « Statues qui dansent » (en duo avec Elisa Point), parle d’une « Porte » ouverte sur la beauté et le mystère, esquisse le portrait d'une "Parisienne" ou nous interpelle sur les grandes phrases toutes faites dans « Nébuleuse ». A l’écoute du morceau qui donne son titre à l’opus, on est intrigué par des bruits d’insectes. Vrais ou faux ? « En fait, c’est un mélange des deux. J’ai capté des sons sur internet et mon ami, le musicien japonais Yamori Kota s’est occupé des « insectes électroniques ».
Sur scène, il entrecoupe chaque chanson de quelques phrases décalées, notées dans un petit carnet. « Elles m’ont été inspirées par la lecture de magazines scientifiques. Je me suis amusé à faire des collages (il en a plus de 500 !). Je trouve que les chanteurs sont parfois trop sérieux".
 Avec son timbre feutré, Pierre nous transporte, comme en apesanteur, dans un univers à la fois joyeux, poétique et mélancolique qui nous fait oublier, l’espace de quelques morceaux, le chaos ambiant. Alors, même s’il chante avec une rare humilité, « Je n’attends rien », nous, on attend son prochain concert.
Annie Grandjanin

Le 28 avril, à 20 heures, en co-affiche avec Nicolas Vidal, à la Dame de Canton, Port de la Gare, 75013 Paris. Tél. : 01.53.01.08.49. www.damedecanton.com
« Ginkgo Biloba », distribution Sonic Rendez-vous (Hollande/export). Prochain EP (5 titres) à paraître courant avril.