30 mai 2014

Agnès Bihl, la frondeuse


(c) Magali Bragard
A ses débuts, elle affichait un petit côté « L’école est finie » avec ses couettes et sa sage jupe plissée. Mais on imagine que, dès son plus jeune âge, la blondinette était  déjà plus attentive aux autres qu’à la couleur de ses socquettes !
En cinq albums, Agnès Bihl s’est  imposée comme l’une des plus jolies et insolentes plumes de la chanson française. Une plume incisive, voire corrosive qui met aussi l’accent sur les vertus de la tendresse et de l’humour. A l’image de son spectacle « 36 heures de la vie d’une femme » (parce que 24 c’est pas assez) qu’elle présentait lundi dernier aux Bouffes Parisiens.
 « Je suis une chanteuse engagée » clame-t-elle sur scène. Et engagée, elle l’est assurément : contre l’injustice, le racisme, le sexisme, les petites et grandes lâchetés du quotidien...
Qu’elle évoque la délation avec le poignant « Baiser de la concierge » ou fasse le compte des promesses non tenues dans « Bla bla bla », ses chansons sonnent comme un rappel à l’ordre ou plutôt aux désordres du monde. Au passage, la chanteuse s’autorise des moments de franche rigolade en brocardant l’ex de son amoureux, de tendresse filiale pour « La plus belle c’est ma mère », tout en nous invitant à partager la nostalgie des stars du grand écran de son « Ciné-Club ». Et parce qu’elle revendique son statut de femme moderne, elle n'hésite pas à interpeller le public avec son joyeux « Faites l’amour pas la vaisselle ».
« J’ai des humeurs très entières. Je ne connais pas la tiédeur des choses » confiait-elle récemment en interview. De fait, durant son tour de chant, elle fait constamment souffler le chaud et le froid, le tragique et le comique. Et lorsqu’elle chante « ça n’est jamais pour du beurre les petits bobos, les petits bonheurs » on se dit que s'il y a une artiste qui ne compte pas pour du beurre dans le paysage musical, c'est bien Agnès Bihl...
Annie Grandjanin

Album « 36 heures de la vie d’une femme ( parce que 24 c’est pas assez) » (Banco Music) et recueil de nouvelles (Ed. Don Quichotte), sortis en octobre dernier.

4 mai 2014

Do Montebello: "les mots, je les écoute comme des notes"


(c) Vincent Copyloff
Elle se rêvait musicienne… alors elle joue de sa voix comme d'un instrument ! Et nous transporte, avec une rare musicalité,  dans l’ «Allée des Calfats » (« Travessa dos Calafates ») là où les artisans réparaient les barques pour la pêche, au Minas Gerais (« Minas ») ou encore sur les traces de « Hilda Francisco Acena », une jeune femme déracinée, comme tant d’autres, rencontrée lors d’un séjour aux Caraïbes… Des escales comme autant de partitions poétiques et humanistes que l’on retrouve dans le disque « Adamah » dont le titre, en hébreu, désigne la terre, le sol, l’argile. "Les mots, je les écoute comme des notes. Pour moi, le langage est un chant" confesse Do.
Citoyenne du monde par convictions, artiste par passion, elle nous interpelle en chansons sur l’urgence qu’il y a à préserver la vie, les arbres, les océans... Et Do sait évidemment de quoi elle parle ! Née à Albi, élevée en Algérie, elle a étudié à Paris avant de sillonner la planète, des Caraïbes aux Etats-Unis, en passant par le Brésil. Durant ces périples, elle revisite dans des clubs, des standards du jazz et de la musique populaire brésilienne. A son retour en France, elle s'entoure alors de musiciens et compositeurs tels que Patrick Favre, Sergio Farias ou Ivan Silva pour enregistrer "Adamah" dont elle a signé l'essentiel des textes. Un projet qu'elle porte en elle depuis une quinzaine d'années, comme un hymne à la terre et aux hommes...
Annie Grandjanin
 
Le 7 mai à 21 heures, à l’Européen, 5, rue Biot 75017 Paris. Places : 25 € et 20 € (tarif réduit). Tél. : 01.43.87.29.89. www.leuropeen.info
Et les 18 mai, 22 juin, 21 septembre et 19 octobre, à 21 heures, au Théâtre de Nesle, 8, rue de Nesle, 75006 Paris. Tél.: 01.46.34.61.04. www.theatredenesle.com