13 mars 2014

L'univers fascinant et surréaliste de Klô Pelgag


Son timbre et son côté fantasque font inévitablement songer à Camille…avec l’accent en plus ! En effet, Klô Pelgag (contraction de Chloé Pelletier-Gagnon) nous vient du Québec. Et, dans ses bagages, outre une flopée de récompenses, on trouve un étonnant bric-à-brac d’accessoires comme ce kimono blanc à dentelle, ce sabre laser qu’elle brandit sur scène pour un numéro de magie avec son contrebassiste… et surtout « L’Alchimie des monstres », son premier album sorti en France le 3 mars dernier. Onze chansons aux mélodies pop, dont les textes ciselés nous plongent dans un imaginaire étrange et surréaliste. « Je n’aime pas la peinture figurative. Je préfère le monde de l’abstraction » confie volontiers cette demoiselle de 23 ans. Ainsi, au fil de morceaux comme «  La fièvre des fleurs », « Rayon X », « Taxidermie » ou  « Comme des rames », Klô nous parle de chimiothérapie, de disparitions, d’hôpitaux… avec des accents oniriques qui évitent tout pathos. Un exercice de haute voltige, à l’image de sa voix harmonieuse qui s’épanouit dans les aigus. Sur la scène des Trois Baudets, mardi dernier, première date de sa tournée dans l’hexagone, elle a débarqué comme un ovni, avec ses musiciens : un contrebassiste en combinaison-squelette, la bouche barrée par une épingle, un batteur et un trio féminin de cordes (violon, alto et violoncelle) affublé de robes de mariées et casquettes bicolores. Passant du piano à la guitare, la chanteuse nous transporte dans des contrées fantasmagoriques où l’on peut assister à des « Mariages d’oiseaux » et où « La neige tombe sans se faire mal ».
On parle déjà de l’univers « Pelgagien » !
Annie Grandjanin

Le 3 avril, à 19h30, au Café de la Danse, 5 Passage Louis-Philippe, 75011 Paris. Tél. : 01.47.00.57.59. Places : 16,80 € et 20 €. www.cafedeladanse.com

8 mars 2014

Caroline Loeb fait revivre George Sand


(c) Jean-Paul Lozouet
Après le très réussi « Mistinguett, Madonna et moi ! », Caroline Loeb se glisse cette fois dans le costume de George Sand, ou plutôt dans ceux de Jean-Paul Gaultier pour « George Sand, ma vie, son œuvre ». Un spectacle co-écrit avec la complicité d’Alex Lutz et Tom Dingler, dans lequel elle raconte et chante, accompagnée de deux musiciens (Gérald Elliott à l’accordéon et Patrick Laviosa, piano/guitare), sa fascination pour la Bonne Dame de Nohant.
 Tout a commencé, comme cela arrive parfois, par un rendez-vous raté ! « Je travaillais sur le projet d’un livre-disque sur Sand qui n’a pas abouti ». Un projet qui l’amène à s’intéresser à cette femme de lettres dont on sait qu’elle a vécu des histoires d’amours orageuses avec Musset et Chopin, écrit « La petite Fadette », « La Mare au Diable », transgressé les mœurs de son époque en portant le pantalon et en adoptant un prénom masculin…  « Je ne la connaissais pas davantage.  J’étais un peu dans la position de Swann qui tombe amoureux d’Odette dans l’œuvre de Proust. Ce n’était pas mon genre ! Ma fascination a été d’autant plus forte quand j’ai réalisé que, comme le lecteur lambda, j’avais des notions vagues et fausses sur sa vie» confesse Caroline. Sur scène, elle « réhabilite » donc Aurore Dupin, tout en dépoussiérant son image figée dans le XIXème siècle. Un hommage joyeux et érudit, qu’elle ponctue de chansons écrites avec la complicité de Thierry Illouz, Fred Parker, Gérald Elliott, Wladimir Anselme, Michèle Bernard et Pascal Mary.
 Habilement mise en scène par Alex Lutz, la Loeb (comme on l’appelle encore) fait revivre devant nous une visionnaire et militante qui a  défendu  la cause des femmes, l’abolition de l’esclavage ou encore la révolution de 1848.
Riche d’anecdotes et de références littéraires et historiques « George Sand, ma vie, son œuvre  » donne envie de (re)découvrir cette femme qui fut l’une des premières à vivre de sa plume. Et dont on apprend pourtant qu’à sa mort, les documents officiels mentionneront qu’elle était « sans profession » !
On retiendra également cette scène forte et émouvante dans laquelle la comédienne et chanteuse fait voler des feuilles en scandant  « Je veux me servir de ma plume comme l’ouvrier de l’enclume ! ». « Une vision chaplinesque des « Temps Modernes » qui résume bien notre fonction d’artiste. A l’heure où le cynisme est devenu un Dieu tout puissant, il est important de défendre ces envolées lyriques et humanistes. Ca nourrit ! » explique Caroline Loeb. En attendant, c’est elle qui nous nourrit avec ce spectacle drôle, touchant et incroyablement moderne.
Annie Grandjanin

Du 15 avril à fin juin, tous les mardis à 20 heures, au Théâtre Gymnase Marie Bell, 38, bd Bonne Nouvelle, 75010 Paris. Réserv. Au 01.42.46.79.79. www.theatredugymnase.com